Votations

INITIATIVE DE DISSIMULATION DU VISAGE OU INITIATIVE "ANTI BURQA"

Votation 7 mars 2021

1) Sondage

SONDAGE : QUE PENSENT LES MUSULMAN-E-S DE SUISSE DE L'INITIATIVE ANTI-BURQA?


Les organisations musulmanes se sont massivement opposées à l’initiative anti-burqa : la fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), le Young Swiss muslim Network (YSMN), ou encore l’Union Vaudoise des associations musulmanes (UVAM) ou la fondation DIAC (De l'Individuel Au Collectif). A noter toutefois que certaines personnes à l’instar de Saïda Keller-Massahli, l’imam Mustafa Mehmeti, ou encore le politicien Mohamed Hamdaoui, se sont positionnées en faveur de l’initiative UDC. Mais que pensent les musulman-e-s de Suisse de l’initiative anti-burqa, et plus largement de la burqa et des débats qui entourent cette votation ? Nous avons trouvé important de collecter ces précieuses informations par un sondage en ligne auquel ont participé 119 musulman-e-s. 


Qu’obtiendriez-vous si vous preniez 119 personnes musulmanes (100 personnes de Suisse romande et 19 de Suisse alémanique), majoritairement Suisses, et femmes (75% en Suisse romande, 63.16% en Suisse alémanique) entre l’âge de 21 et 39 ans, et leur posiez des questions sur la burqa ? La fondation DIAC a lancé un tel sondage en décembre 2020 en vue de la votation sur l’initiative pour l’interdiction de la dissimulation du visage ou “initiative anti-burqa” en Suisse qui aura lieu le 7 mars 2021. Les résultats peuvent vous surprendre.


Précisons tout d’abord qu'environ la moitié des femmes qui ont répondu à l'enquête portaient elles-mêmes un foulard (40 sur 75 femmes de Suisse romande et 5 sur 12 femmes de Suisse alémanique), et seule 1 d’entre elles portait la burqa. Cela ne devrait pas surprendre : selon une étude de l'Université de Lucerne, seules 20 à 30 femmes la portent en Suisse. Cela expliquerait pourquoi seuls 13 de tous les participants ont déclaré connaître une personne dans leur environnement qui porte la burqa (contre 113 connaissant une personne qui porte un foulard). La rareté des porteuses de burqa pourrait aussi s'expliquer par le fait que moins de musulman-e-s la jugent obligatoire dans l’Islam : seuls 3 sondé-e-s pensaient que c'était le cas (contrairement à 87 qui estiment que le port du foulard est obligatoire). Dans la même veine, seul-e-s 54 des participant-e-s estiment que la burqa est compatible avec les valeurs occidentales, comparé à 114 qui pensent cela à l’égard du foulard.


En tout cas, malgré la rareté des porteuses de burqa en Suisse, leur présence ne semble pas effrayer les personnes musulmanes qui ont répondu à l'enquête. Lorsqu'on leur a demandé comment ils et elles réagiraient si une porteuse de burqa entrait dans les transports en commun, 109 sur 119 sondés considéraient qu’elle devrait la conserver, 8 répondant qu'elle devrait quand même montrer son visage et 2 étant de l’avis qu'elle ne devrait pas entrer dans les transports publics. De même, 103 personnes iraient jusqu'à lui céder leur place. Fait intéressant : 8 participant-e-s en Suisse romande ont admis être gêné-e-s par sa présence, alors qu'aucun-e ne partageait ce sentiment en Suisse alémanique.


Passons maintenant à quelques questions sur le prochain vote du 7 mars. Comment les participants vivent-ils cette période de débat autour de la burqa en Suisse ? 50 ont répondu qu’ils se préparent psychologiquement à endurer cette période, le même nombre indiquant que cette dernière les angoisse. Malgré ce sentiment largement partagé, 44 ont dit qu’ils discuteraient volontiers de cette polémique avec leurs collègues et proches non-musulmans. Un nombre presque égal de participants suit les débats sur la polémique (44) et les évite (47). Mais qui souhaiteraient-ils voir dans les médias pour parler des musulman-e-s ou en leur nom ? Une gamme de réponses diverses sans majorité claire. Quelques noms et organisations récurrents ont été proposés en Suisse romande (Pascal Gemperli, la famille Ramadan, l’Union vaudoise des associations musulmanes avec Sandrine Ruiz, les Foulards Violets via Meriam Mastour ou Inès El-Shikh) et en Suisse alémanique (Muris Begovic, Burim Luzha, Helge Lindh, Lejla Medi), mais ce qui est ressorti dans la plupart des réponses était le désir des musulman-e-s « concerné-e-s » de parler pour eux-mêmes – et idéalement d’avoir une porte-parole « francophone », « compétente », « instruite », et « objective ». La Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS) a été citée dans les deux régions. Et au contraire, qui ne devrait pas parler au nom des musulman-e-s ? Saida Keller-Messahli et l’Imam Chalgoumi ont été mentionné-e-s de nombreuses fois, mais en fin de compte : pas d'extrémistes, de non-francophones, de non-musulmans, n’importe qui « sans suffisamment de connaissances » ou encore « des pseudos féministes qui veulent “libérer” les musulmanes ».


Mis à part les porte-paroles, chacun-e aura la possibilité de s’exprimer par le biais du scrutin fédéral le 7 mars prochain. Que pensent les participant-e-s de l’initiative ? La vue majoritaire était qu’il s’agit d’une action islamophobe supplémentaire dans le climat actuel déjà chargé. Le deuxième point de vue le plus courant était que ce débat sur la burqa est insensé à une époque où nous avons tous et toutes le visage dissimulé (port du masque). La troisième vue la plus partagée était qu’une telle votation n'a pas sa place dans la Constitution. Malgré cela, une petite quinzaine de sondés estimaient que ce débat est intéressant et utile à la société. Compte tenu de ces points de vue, il n'est peut-être pas surprenant que sur les 102 participants ayant le droit de vote en Suisse, 92 envisagent de voter contre l'initiative contre 3 pour, 86 précisant que le contre-projet du Conseil fédéral est compatible avec leurs convictions. Reste à voir ce que la Suisse décidera au sujet du port de la burqa le 7 mars. Il s’agit d’un aspect dans le grand débat en cours sur l’Islam en Suisse. Alors, que voterez-vous ?


2) Prise de position DIAC

La fondation DIAC se positionne CONTRE l'initiative anti-burqa et appelle à voter NON.

Cette initiative est inutile, sexiste, raciste, islamophobe. Elle est discriminatoire car elle stigmatise une population en particulier, qui est la minorité musulmane.

Pour le surplus, nous vous invitons toutes et tous à lire les argumentaires des Foulards Violets, d'Operation Libero ou encore d'Amnesty international.