Fondation de droit suisse reconnue d'utilité publique
La période que nous sommes en train de vivre est unique. Mais comment chacun la vit-il? Nous vous proposons de partager avec nous des textes, à tête reposée, pour faire le point, ensemble, sur cette actualité brûlante et déroutante. Le semi-confinement, les incertitudes au niveau professionnel, formation, les attentats, la vague de racisme anti-musulmans dans les médias et dans les politiques notamment françaises, le débat sur la liberté d'expression, les violences policières, les luttes sociales, la solitude, la santé physique et mentale... 2020 arrive à sa fin, et il est temps de poser des mots et des ressentis.
Nous avons choisi d'offrir des prix, afin surtout de faire un geste et de vous remercier pour vos contributions, et votre effort de partage, mais ce concours n'est pas élitiste. Peu importe votre niveau d'écriture, nous vous encourageons à nous envoyer vos textes, car il est important pour nous que la voix de toutes et tous les musulman-e-s de Suisse soit entendue. Chaque histoire, chaque ressenti est important.
Vous êtes invité-e-s à rédiger un texte qui respecte les conditions listées sur le flyer, et vous êtes libres de choisir de parler d'un point de vue personnel, ou fictif. Les textes seront ensuite publiés sur notre site web, après une soirée durant laquelle les prix seront remis, et une discussion ouverte avec vous tous-t-es sur ces sujets : le 10 janvier 2021 au soir, en vidéo-conférence, ou en présentiel (insh'Allah!).
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Après une année 2020 compliquée pour toute la population mondiale, il nous a semblé important de thématiser le sujet, de deux manières:
- un recueil de textes via un concours d'écriture (textes à lire ci-dessous)
- une discussion ouverte avec nos sympathisants (qui a eu lieu le 17 janvier 2021 sur Zoom)
Un jury composé d'une avocate, d'une psychiatre et d'un médiateur ont donc sélectionné leurs trois textes favoris et commenté tous les textes, lors d'une soirée de discussion. Ils ont tenu à souligner le fait que TOUS les textes étaient magnifiques, bien écrits et pensés, qu'ils étaient une vraie preuve de courage, et que le choix était difficile.
La discussion a permis de donner la parole aux entrepreneurs, aux étudiants, aux responsables associatifs, et à toutes et tous, sur la situation générale, de faire un partage d'expériences et de sentiments, de parler santé mentale, équilibre, foi, et de bien d'autres choses.
Merci infiniment aux écrivain.e.s,
Merci aux participant.e.s
Merci aux membres du jury !
- Amel Merabet, avocate
- Huda Yassin, psychiatre
- Pascal Gemperli, médiateur et secrétaire de l'Union vaudoise des associations musulmanes
Nous remercions également nos généreux sponsors !
Cabinet Dastan : hijama, Praticien diplômé en Ventousothérapie et Massothérapie
https://www.cabinetdastan.com/hijama
Succar : Gamme de produits de soin corporel, 100% naturels https://www.instagram.com/succar_geneve/
Les vainqueurs du concours :
1ère place: texte 5, Firdaws
2ème place: texte 9, Hala
3ème place: texte 7, Abdallah
Bravo à eux/elles et merci infiniment à toustes pour vos participations !
Texte n°5 (Premier prix)
Firdaws
Boucle infinie
-Point de vue personnel-
Sept heure dix, je suis dans le train et regarde nerveusement autour de moi, c'est le même rituel glauque chaque matin. Cinq fois par semaine, à sept heure dix et à seize heure quarante cinq. Sont-ils là ? Sont-ils déjà montés dans le train ? M'ont-ils vu enlever avec agitation et à la dérobée mon couvre-chef du jour ? Vont-ils se poser des questions ? Me poser des questions ? Faire des suppositions ? Qu'est ce qu'elle fait avec un chapeau alors que nous sommes en plein été ? Pourquoi a-t-elle un carré de tissus qui lui couvre les cheveux par cette chaleur ? Pourquoi range-t-elle avec précipitation sa grande écharpe au fond de son sac ? Peut-elle les influencer de par ses convictions religieuses ? Peut-elle faire correctement son travail sans leur souffler ses idéaux non-compatibles avec notre grandiose occident ?
Je suis perdue dans mes pensées, mes scénarios catastrophes, mes intrigues pessimistes, mes tristes fantasmes de dénonciation auprès de mon employeur. Bon allez calme-toi, pensez à une explication plausible et tout à fait innocente. Au pire tu fais comme si tu avais fait tomber ton écharpe nouée autour du cou, si on te prenait en flagrant délit.
“Délit”, voilà la manière dont je le vis.
Je suis en train de commettre un délit. Mais au fait, c'est quoi mon délit ? Être différente d'eux ? M’habiller différemment ? Penser différemment ? Visualiser mon corps, ma chevelure comme quelque chose de secondaire à ma personne ? Vouloir qu'on se focalise sur mon visage, mes paroles et mes philosophies uniquement plutôt que sur ma corporalité et les diktats de beauté euro-centrés, qu'on nous martèle à longueur de journée ?
Seize heure quarante cinq , le schéma recommence. Dans le sens inverse cette fois-ci.
C'est une boucle infinie qui se répète mais ne s'arrête.
Trouve- toi un lieu adéquat pour remettre ton couvre-chef, à l'abri des regards, comme lorsque tu dois l'enlever. Zut les toilettes du train sont fermées (d'ailleurs, un grand merci aux petits malins, si vous passez par là, de vouloir échapper aux contrôleurs cff en vous enfermant des les water cabinets et me privant d'un lieu loin des regards curieux pour endosser ou enlever mon signe religieux ostentatoire terrorisant un certain pourcentage de la population. Statistique que je tiens des coup d’oeil inquiets lorsque je manoeuvre mon chapeau sur le sommet de la boîte crânienne en plein wagon .. Reprenons..
Et si une de tes connaissances te voyait sans ? Que vont-ils dire ? Que vont-ils penser ?
Comment vas-tu justifier l'air libre qui frôle ta tête, tes mèches ultra rebelles qui se réapproprient l'espace, faute d'être plaquées par tes différentes couches de tissus?
Et c'est reparti avec mes synopsis rocambolesques. Mon délit cette fois-ci ? Penser que j'ai le droit de travailler en dissimulant mes convictions lors de mes heures de travail, vouloir être incluse professionnellement dans la société qui m'a formée, travailler dans le domaine que j'aime en faisant une concession sur mon apparence physique ? Accepter que l'on peut conjuguer vie professionnelle et vie religieuse ? Vouloir dépendre que de moi-même, me vouloir autosuffisiante.
Vais-je un jour sortir de cette boucle infernale ? Cette boucle contradictoire et semblant tendre vers l'infini ?
Seul Dieu nous le dira. Mais là, maintenant, tout de suite, je vous laisse, j’ai des toilettes dans le train à chercher.
Texte n°9 (2ème prix)
Hala Abdel Meguid
DISTANCE
- T’as pris ton masque ?
- Désinfecte-toi les mains s’il-te-plaît !
- Distance !
De la distance...
Une distance imposée et qui s’impose peu à peu entre nous. Les sentiments se contredisent et peinent à évoluer, asphyxiés par la psychose que l’on nourrit de nos pensées. Une envie d’avancer, de sociabiliser, de s’envoler mais l’on nous retient confinés.
Le monde s’est mis en pause. La Terre tourne et on tourne en rond.
Et puis elle se régénère pendant que nos cerveaux dégénèrent, obnubilés par les écrans et les discours sans fin des politiciens. Captivés par la seule chose qui nous lie à l’extérieur mais rendus captifs par ces chaînes virtuelles.
Dehors, les saisons passent tandis que les passants désertent les rues autrefois animées. Les visages à moitié couverts, les sourires se dissipent. Seul le regard demeure, reflet de nos angoisses ou de notre indifférence. La solitude s’est installée un peu partout. L’envie de voir ses proches est dépassée par l’incertitude et les interrogations. La distance imposée est désormais celle que l’on s’inflige.
J’ai fini par me renfermer sur moi-même. On s’est retrouvé à la fois altruiste et individualiste.
On pense à l’autre qu’on ne veut pas rendre malade puis à nous, pris dans la tourmente de l’angoisse, du stress et de ces questionnements existentiels qui ont envahi les esprits. Que faire ?
Comment optimiser son temps ? Puis on se complait à vanter notre désir de se recentrer sur l’essentiel, à prendre de la distance quant aux choses matérielles et à orienter corps et âme vers le spirituel.
Peu à peu, la distance laisse alors place à une forme de proximité : celle que l’on partage avec
Dieu. Dans cet environnement anxiogène se détache une omniprésence apaisante, celle du
Divin. A nous d’apercevoir Ses Signes, d’être clairvoyants. Le confinement devient une ‘uzla[3] et le tout une invitation au renoncement. Renoncer à ses habitudes consuméristes, aux passions vaines et au monde d’ici-bas. S’en détourner et se tourner vers l’au-delà et vers Toi. Les Signes sont là. Je les perçois mais ne les accueille pas. Je les vois mais ne renonce pas...
Et je me dis que rien ne sera jamais plus comme avant. Je pense aux voyages, aux sorties et aux petits plaisirs qui rythmaient mon quotidien. Mon esprit est tiraillé par cette envie d’aller vers
Lui, aspirant à la fois au salut dans l’au-delà et à toutes ces douceurs qui caractérisent si bien l’ici-bas. Et il y a ce temps...qui passe si vite et qui viendra toujours, mais faussement, justifier nos manquements.
Je n’ai pas eu le temps de prendre le temps pour Toi car je n’ai pensé qu’à moi. Je me suis hâtée dans mes obligations envers Toi comme si j’étais persuadée d’être toujours là, tous les lendemains. Je me suis dit que je ferai mieux demain mais en vain...Puis 2020 s’en est en allé, emportant avec elle joies et peines. Elle a laissé place à 2021, en espérant que cette année soit celle du rapprochement avec l’Un.
Hala Abdel Meguid
[1] Contraction de « musulman » et d’ « occidental »
[2] Enfants, nés ou ayant principalement grandi en Suisse, issus de parents venus s‘y installer.
[3] La‘uzla est une forme de retraite spirituelle qui prône une séparation de l’individu au sein même de sa communauté ; contrairement à la ẖalwa qui s’opère à l’écart de celle-ci.
Texte n°7 (3ème prix)
Abdullah Ali
Rêver pour compenser
-Point de vue fictif-
Je marche sur ce trottoir sans savoir réellement où je vais. Mes pensées ont perdu mes pas. Une cloche sonne et je me souviens soudainement que je dois aller chercher ma fille. Elle me semble inconnue, sa belle tresse caresse la moitié de son cou. Ses yeux me rappellent ceux de ma mère. Son sourire m’éblouit et mon cœur la serre à son arrivée. Qu’est-ce que fait un père quand il voit sa fille ?
- Tu m’as manqué, qu’est ce que tu as fait aujourd’hui ?
Ma question ne lui sembla pas être une surprise et elle me dit avec une voix si douce et attendrissante :
- Aujourd’hui Papa, Samira nous a parlé du bonheur. C’est dur de le définir, tu ne trouves pas ?
Pour Luca, c’est manger des pizzas, pour Sami, c’est jouer avec son frère. Pour moi, c’est être avec toi. Et toi Papa, t’es heureux ?
Cette question sonna dans ma tête d’une violence qui me perturba. Cette sonnerie était mélangée à celle de mon réveil. Un souffle me fit sursauter. La réalité m’a repris. Je n’avais pas de fille et il était l’heure de suivre un cours sur ZOOM. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver vaciller entre mon bureau et mon lit Est ce que mes camarades derrière cet écran sont heureux ? Leurs yeux éteints, rivés sur cet enseignant qui parle dans le vide, ne semblent pas être comblés. Et moi alors ?
- Habib ? Vous êtes là ? C’est à votre tour.
Je répondis oui, même si mon âme paraissait absente. Puis je repris :
- Je m’appelle Habib Alim, j’habite à Genève et je suis de confession musulmane.
J’étais en train de suivre un cours d’éthique et culture religieuse, un module sur 4 semaines en lien avec la didactique de l’histoire. Depuis septembre, j’avais commencé la HEP pour devenir enseignant.
Transmettre, voilà ce que mon âme aspirait. Elle me chantait des matins d’automne, de cultiver l’amour et partager mon savoir. C’est en voyant les feuilles danser au rythme du vent, qu’elle me chuchotait ses envies et ses espoirs. J’ai cru en elle et je me demandais quand vais-je rencontrer sa soeur ?
Dieu me réconforte souvent quand l’hiver frappe dans ma tête et que je me sens dépourvu de toutes émotions. Je me questionne sur mon existence et tout semble si futile et éphémère que le seul pilier qui me reste est celui de mon Seigneur. Puis je me rappelle soudainement que je fais parti d’une minorité qui, sans vouloir me victimiser, se fait persécuter dans le monde. Après tout, je suis un homme, l’impact est moins flagrant. Je ressens par moments de la discrimination, mais ces femmes qui se voilent, sont constamment jugées d’avoir renoncé à la liberté. Si je pars du principe que couvrir ses cheveux est un renoncement à la liberté, alors en nous obligeant à voiler notre face, on viole notre dignité. Oui, parce que depuis le coronavirus, le monde perd tout son bon sens. La logique est remplacée par un effet de masse sans aucun fondement. Comme le dit un proverbe de chez moi : « le monde marche avec son derrière», pour être bref, il n’est pas droit.
Quand le monde s’est confiné, j’ai souri, car innocemment, je voyais l’union de l’humanité. Puis le tremblement face à l’égorgement de Samuel Paty me ramena à la réalité, car on m’a accusé. Des femmes poignardées par acte de vengeance, une haine injustifiée par peur d’une prochaine sentence.
Puis un sentiment d’impuissance m’empara. Ce sont encore les mêmes qui doivent se battre. Des camps ont remplacé ceux d’avant. L’histoire se répète et personne réagi. Jusqu’à quand ? Où est la justice ? Je me le demande...
Savoir qu’il y aura un jour du jugement me rassure probablement : un moment viendra où les souffrances étouffées pour des profits égocentrés seront rétribués.
J’ai peur de mourir avant d’avoir réellement vécu, alors je rêve pour compenser. Pourtant, si j’écoute Shams de Tabriz, le passé est une interprétation, le futur est une illusion et la seule façon d’être illuminé serait d’être juste présent, et de rendre chaque instant un moment éternel.
La seule chose qui me vient, c’est que là, maintenant, je suis heureux.
Texte n°1 : Anonyme
« 2020, Moi musulmane de suisse »
-Point de vue personnel-
Chère année 2020,
J’ai mal, mal à ma Suisse, la Suisse qui m’a accueillie il y a déjà cinq années. Cinq belles années, de sourires, d’ouverture, d’apprentissage, aujourd’hui j’en laisse une belle amertume. Sur mon chemin helvétique, je me suis laissée guider par Dieu et j’ai enfilé mon costume religieux. Non pas pour effrayer ou défrayer la chronique, mais pour obéir à celui qui m’a créée. Une soumission totale et désintéressée au créateur, qui nous élève, nous emplit de joie.
Cette joie piétinée par l’islamophobie ambiante, celle qui ne connaît pas, qui ne s’instruit pas mais qui dérive les coeurs. Cette islamophobie qu’on entend dans la rue, qu’on voit sur les réseaux et qui s’exerce là où l’être humain a une voix.
Ce n’est pas ma religion que vous attaquez, ni mon prophète, ni mon Dieu. Vous vous acharnez contre ce que les musulmans montrent de l’Islam, nous les musulmans pleins de maladresse. Cette maladresse nous caractérise car elle signe l’être humain, nous sommes faibles, c’est ainsi que le très haut nous a érigés. La maladresse, l’erreur musulmane ne doit pas venir ternir le socle qu’est l’Islam.
Je ne vais pas vous bassiner, vous lecteur en vous apprenant de surcroît que l’Islam signifie paix et amour, que notre religion est sublime et qu’il est le tout puissant, le magnificient. Non je me refuse à encore, expliquer et crier ma religion, car vous ne voulez pas ouvrir vos coeurs, vous entendez mais n’écoutez pas. Nous faisons nous aussi partie de la patrie. Cette patrie qui nous a accueillis, élevés et chérîs.
Je refuse aussi de mettre de côté tous ces individus croisés à un coin de rue, qui souriaient jusqu’à s’en écarter les babines. Ces gens-là qui fondent une Suisse prête à enfin nous écouter. Cette Suisse-là, qui me redonne espoir. Celle qui va voir grandir ma fille, qui va l’élever et l’estimer. Elle y trouvera sa place j’en suis sûre, même avec du sang mêlé, elle ne se laissera pas impressionner. Nouvelle normalité, qui la verra changer au gré des masques colorés. Cette pandémie qui marquera l’histoire des générations futures. Pour la première fois, les visages couverts jonchent les ruelles, ces derniers vides en début d’année, sont aujourd’hui bien animées.
Aujourd’hui de nouveaux problèmes, rendent plus difficile la vie d’une musulmane, comment mettre son masque avec un voile ?
Non plus sérieusement, l’année 2020 a vu s’allonger la liste mortuaire. Cette liste qui compte les petits comme les grands. Personne n’est épargné, sans distinction de couleurs, de milieu social, la pandémie sévit. Pour l’instant il n’y a pas de recette miracle, ni de vaccin, mais ce qui nous démarque, nous les croyants, est la certitude ardente qu’une rencontre avec notre Seigneur ne serait tarder.
Le Seigneur qui connaît sagement la raison de tout ce cataclysme. Il est celui vers qui se tourner en ces moments exceptionnels et parfois plus routinier. Celui qui nous connaît mieux que nos parents, et qui sait pourquoi il est mieux pour nous de vivre ces événements.
Cet amour suprême, sans égal, qui nous rassure et nous tranquillise. Oh Seigneur c’est donc toi qui me permets de passer ces étapes et d’avancer dans cet océan inconnu. Cet océan parfois bruyant, féroce mais qui finit toujours par connaître une belle accalmie. Soit tranquille, le repos de l’âme finit toujours par arriver.
Il est vrai que nous pouvons faire le triste constat d’une année pour certains, gâchée, ou pour d’autre d’une année productive.
Qui nous aurait cru, si nous avions conté plus tôt, ce macabre récit. Alors je souhaite garder une trace écrite, de ce qu’a été pour moi cette année, sombre éclair, qui a vu cohabiter en moi espoir et fierté, d’avoir mis au monde une petite Merveille. Ainsi que peur et tristesse face à cette fameuse année 2020, qui ne nous aura pas épargné.
Texte n°2
Aïcha A.
“2020 et moi, musulmane de suisse”
-Point de vue personnel-
Une année pleine de rebondissements, de questionnements, de remise en question…
Une année qui touche à sa fin, une fin que nous ne pensions peut-être pas vivre.
Une année qui a été une leçon de vie, que al Insen finira par oublier. Mais n’est-ce pas la principale caractéristique de l’Homme: oublier ?
Reprenons les événements majeurs de cette année! L’apparition du Corona Virus et ça folle propagation dans tout le monde. Un nouveau virus que nous ne connaissions pas, que nous avons tout au début sous-estimé. Le problème de notre époque est que nous sommes submergés par les informations. Nous ne savons plus qui croire. La population avait sous estimé le virus, alors que le corps médical était affolé car eux voyaient des vies humaines s’envoler. Puis arriva le confinement qui a été très difficile pour certaines personnes mais pour ma part je l’ai très bien vécue, peut être parce que je suis casanière. Cela m’a permis de me retrouver avec moi-même et de surtout profiter de ma famille. Je pense que nous avons tous ré-appris à les connaître. J’ai redécouvert leurs valeurs, leur compagnie et je suis très reconnaissante de les avoir dans ma vie. La chose que j’ai le plus savourée durant ce confinement c’était le ramadan ! Je pense que presque chaque musulman a rêvé d’un ramadan entier à la maison ou du moins un ramadan où l’on peut profiter pleinement d’un point de vue spirituel. Je suis très heureuse d’avoir su gérer mon temps et d’avoir profité du ramadan. Je pense que c’est une chance que l’on a eu qui se répétera rarement voir jamais.
Donc je te souhaite, cher lecteur, chère lectrice d’avoir profiter de ce ramadan pour te ressourcer et te rapprocher de notre Seigneur! Je suis reconnaissante d’être musulmane et j’ai une réflexion que je voudrais partager. Il m’arrive de me sentir très ingrate par rapport à
Dieu. Il est tellement Bon, Généreux et Il nous aime. Il est toujours présent et à chaque fois que l’on faute et que l’on se repente. Il est encore là. Et je trouve ça magnifique et très touchant. Je suis a chaque fois surprise et émue de sa Bonté car si je fais cela avec un humain, si je fais que de le blesser il viendra un jour où il me sortira de sa vie. Et c’est normal mais Allah est Miséricordieux et Bon et je ne saurais pas mettre des mots sur Lui. Je
L’aime et qu’Allah préserve l’humanité. Qu’Allah nous apaise, nous guide, purifie nos cœurs, nous pardonne, nous aide à nous rappeler d’être reconnaissant pour tous ces bienfaits.
Qu’allah t’accordes cher lecteur, chère lectrice de la joie, du succès dans chaque chose que tu entreprends et de la patience pour les épreuves que tu traverses !
Pendant ce confinement et pendant cette pandémie, nous avons appris que l’homme sait faire preuve de solidarité. Voir cela m’a beaucoup touché car cela indique qu’il reste de l’humanité dans nos coeurs malades. Notamment lorsque le soir sur nos balcons nous sortons applaudir nos héros, le corps médical. Par la suite, après le malheur des bavures policières, les policiers s'agenouiller pour George Floyd. Ou encore la solidarité pour nos frères ouïghours , j’ai eu l’impression pour un instant de voir l’humanité se réveiller. Je ne comprend pas que nous parlons de sujet comme ceux-ci en 2020 et je trouve ça honteux et dégueulasse. Je suis révoltée que les personnes qui ont le pouvoir ne fassent rien pour arrêter l’horreur qui est en train de se produire.
Finalement, pendant ce confinement mon enseignante de français nous a demandé de tenir un journal de pandémie, je vous partage cette lettre en guise de conclusion pour cette année:
“Cher Corona,
Tu es apparu il y a quelques mois et tu as changé nos vies à jamais. Tu as marqué notre époque. Et, tu as insufflé la peur dans nos coeurs, tu nous as rappelé la valeur des choses et des personnes. Gentiment, tu as commencé à prendre des vies, la vie de personnes faibles. C’est comme si tu nous punissais pour toutes les atrocités que nous avons pu causer sur terre. Toutes les guerres, les abus de pouvoirs, la mort de notre humanité, notre négligence face à la pauvreté, notre égoïsme, notre soif de pouvoir, notre insouciance face à l’environnement et je pourrais encore te dérouler toute une liste.
Tu as chamboulé nos vies, notre système, grâce à toi nous avons pu voir que l’économie passe avant nous. Nous vivons tel des zombies, nous essayons de tuer l’ennui avant que ce dernier ne le fasse. Nous peinons à comprendre ce qu’il se passe, tout ceci semble tellement irréel. Il y a maintenant presque deux semaines tu as fermé nos écoles puis il y a quelques jours tu as fermé certains de nos commerces. Jusqu'où iras-tu ? Est-ce un rappel ou nous réserve-tu quelque chose de plus grandiose?
Malgré toute la pagaille que tu as semé, tu as réussi à faire quelque chose d’extraordinaire.
Oui, quelque chose d’extraordinaire.
Merci corona, tu as unis l’humanité et ce pour la première fois depuis longtemps.
Tu as unis nos familles. Tu nous as permis de découvrir les personnes extraordinaires qui partagent notre sang.
Tu as unis le pauvre et le riche, le militaire et le civil, l’homme et la femme. Nous nous retrouvons tous égaux face à toi.
Merci, tu nous as montré à quel point nous sommes ingrats et que nous ne savons pas apprécier tous les bienfaits, toutes les bénédictions de la vie. Nous qui nous croyons puissants, tu nous rappelles à quel point l’être humain est fragile.
Pour conclure, tu es un virus qu’on ne peut voir à l'oeil nu mais tu as été dévastateur, tu es puissant. Tu nous as rappelé que nous ne sommes rien. Nous sommes juste de la poussière pour l’univers. Tu as remis l’égo de chaque être humain à sa place. Tu nous as rappelé que la force ne se mesure pas en muscle mais en quelque chose de plus profond que cela. Ce n’est pas celui qui crie le plus fort qui est le plus puissant. Et pas celui qui se proclame le plus intelligent qui l’est.
Corona, tu es une leçon de vie.”
Aïcha A
Texte n°3
Aisha Ali
-Point de vue personnel-
2020 a été une année mouvementée pour tous, mais dans mon propre quotidien, ce fut une année paisible. Le contraste entre la cacophonie dans les média sociaux et mon calme quotidien était grand.
Les frontières hier si fluides sont devenues hermétiques. Et pourtant, contrairement à ceux qui ont vécu des épidémies dans le passé, nous n’étions pas entièrement isolés grâce à internet : le monde est devenu à la fois si petits et si grand alors que se propageait le virus.
Pour un musulman, quand arrive la difficulté : la question est simple : comment puis je servir mon Seigneur ? Cette année a été riches en possibilités.
Des fois, il s’agissait d’un seul clic, d’autres d’aller faire un tour au supermarché pour son voisin, de rassurer l’inconnu à l’autre bout du monde, de s’instruire et d’instruire par le biais des nouvelles technologies, de rester positif pour encourager les siens, de trouver des solutions pour aider notre monde à continuer de tourner.
J’étais fière de voir tant de musulmans s’investir dans leurs communes et villes pour aider ceux qui ont été le plus touchés par cette épidémie et ses conséquences.
A ce don de soi, s’est ajouté une possibilité de mieux investir son temps pour son âme. En effet, pour beaucoup le mois de Ramadan 2020 a été exceptionnellement beau et profond. On a eu l’occasion de se consacrer presque entièrement à nos dévotions et notre travail intérieur grâce à ceux qui se trouvaient sur le terrain.
Le noyau familial a été fortifié et requinqué. Pour ceux qui étaient seuls, un pont invisible s’est déroulé vers le reste du monde musulman avec les possibilités qu’offre internet. Une multitudes de cours gratuits, d’espaces virtuels pour se recueillir ensemble.
Mais il y a surtout eu une paix assez profonde, avec moins d’avions, voitures, de consommation; moins de tout ce qui masque l’essentiel.
A la rupture du jeûne, alors que le soleil se couchait, on remarquait mieux le chant des oiseaux. Ce même chant nous accompagnait à l’arrivée de l’aube. Nos distractions habituelles dissipées, et on a pu découvrir la nature en pleine éclosion, pour mieux nourrir nos jeûnes.
Pour nous musulmans de Suisse, habitués à un certain confort et une grande sécurité, nous avons été confrontés avec des limitations que l’on a pas connu avant.
Sauf pour ceux qui avaient déjà vécu pire, qui savaient que tout cela n’était pas grande chose.
Face à un fléau invisible dont personne ne sait grand chose. On a appris à approfondir notre confiance en Dieu et que nos prières ont trouvées une nouvelle ferveur. Le Coran est devenu un lieu de refuge et l’entraide essentielle.
Lorsqu’il y a eu des attentats au delà de nos frontières, j’ai été partagée entre l’effroi, la tristesse et l’envie de classer ce genre d’attaques dans la même catégorie que toutes ces guerres qui déchirent tant de pays. J’ai ressenti une certaines lassitudes sur la manière dont ces tragédies ont été gérées par les média et les politiciens. Il y avait peu de pistes de communications ou réflexions et d’avantages de provocations et d’amalgames faciles. Mais c’était une opportunité pour nous musulmans de Suisse de créer des ponts de communications et tendre une main.
Cela pour contrecarrer la peur que ce genre de problèmes de violence entre communautés ne s’exporte dans notre pays où règne une délicate harmonie entre tant de personnes de langues, confessions et opinions différentes. Puisse la Suisse toujours rester un berceau de différences enrichissantes.
C’est pour cela que je pense que l’on doit continuer à nous focaliser sur ce qu’on peut apporter à notre pays plutôt que nous enfermer dans des débats identitaires.
Continuons le beau travail d’entre aide et de compassion qui a permis aux gens d’avoir de réconfortantes éclaircies en 2020.
Aisha Ali
Texte n°4
Mountazar Jaffar
« 2020, Moi musulmane de suisse »
-Point de vue personnel-
Parmi les nombreuses anomalies dont l’année 2020 s’est faite le symbole, il en est une, certainement mieux gardée que les autres, dont j’aimerais ici vous faire part.
Par 145 voix contre 95, l’assemblée fédérale, l’organe législatif suprême de notre chère patrie, a approuvé en automne dernier les mesures de la nouvelle loi sur le terrorisme, qui entrera certainement en vigueur en 2021. Si nous retrouvons certaines privations de libertés dont nous sommes tristement familiers vu des vagues soulevées lors de leurs applications en France, telles que la possibilité d’être considéré comme « terroriste » sur la base de soupçons de la part de la police, certaines mesures devraient, et c’est déjà le cas, déclencher un tsunami d’oppositions tant leur contenu est non seulement profondément islamophobe, mais surtout, contraire aux droits de l’enfant. Ces mesures policières permettront en effet d’une part, l’assignation à résidence ainsi que l’interdiction de voyages d’individus soupçonnés de terrorisme – en raison de leur hyperkératose diront certains - mais surtout, celles-ci pourront concerner les enfants dès l’âge de 12 ans. Autrement dit, chaque individu, de confession musulmane vraie ou supposée, devient potentiellement un futur soldat d’Al
Qu’Aïda ou de Boko Haram.
La quasi-absence de débats publics quant à cette loi qui semble avoir été adoptée « comme si de rien n’était » ne peut être imputée qu’à la seule volonté de ses coauteurs. Si le silence criant permet à ces derniers d’avancer sans rencontrer trop d’embûches dans la voie de la perpétuelle stigmatisation de la communauté musulmane au moins entamée depuis la loi sur les minarets et confortée dans son élan grâce aux lois voisines, très souvent françaises pour le citer, notre communauté ne peut se contenter d’une posture passive et attendre que d’autres se battent pour elle. L’importance est capitale, pour ne pas dire indispensable, que nous devenions nos propres porte-paroles, que nous nous engagions, politiquement, auprès d’autres humains dont l’engagement est motivé par des valeurs humaines de tolérance, de justice, en somme des valeurs qui sont à l’essence de ce qui constitue notre foi.
Nous, « muccidentaux[1] », « segundos »[2] et autres sommes parfois mieux éduqués que nos courageux parents, maitrisons la langue, avons tissé des réseaux de connaissances au fil de notre vie. Ces éléments gracieusement octroyés par le Divin ne doivent pas nous permettre de mener une vie désintéressée et teintée d’individualisme, mais plutôt, dans la mesure de nos capacités, nous permettre de défendre et de garantir à notre tour des conditions de vie dignes aux prochaines générations, ou du moins similaires à celles que nous avons connues.
Car au vu du climat politique prégnant, est peu pessimiste celui qui affirme que l’avenir ne sourira que peu aux musulmans du monde. En sus, et je finirai là-dessus, se reposer sur l’engagement d’autres pour défendre nos droits de croyance et de pratique, soit, nos droits parmi les plus élémentaires, a ses limites. Parmi l’héritage de 2020 pour 2021, y figurent quelques lots de surprises dont nous sommes les malheureux gagnants. Nous voterons effectivement au début du mois de mars prochain sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public suisse.
Bien que nous tentions tant bien que mal de faire comprendre que pour la plupart des musulmans - c’est un euphémisme - cette pratique n’est que peu relevante en matière de foi, la rhétorique féministe derrière laquelle se cachent les motifs moins avouables de nos adversaires, parvient à séduire une partie de nos alliés. Ainsi, nous ne pourrons, cette-fois, probablement pas bénéficier du soutien confortable auquel nous nous sommes malgré nous habitués.
Mountazar Jaffar
Texte n°6
Amina O.
2020 ET MOI, MUSULMANE DE SUISSE
-Point de vue personnel-
Moi
Avant de vous narrer les innombrables péripéties de cette année 2020, il me semble essentiel de me présenter à vous. Parler de soi est un exercice de style très important mais aussi des plus difficile à accomplir. Parler de soi à la troisième personne permet de prendre de la distance avec les événements. Comme l’a écrit Rimbaud, « Je est un autre » et j’aimerai dire aujourd’hui, Moi, Amina, 19 ans, « Je, c’est moi ». La perception de mon Moi diffère suivant le point de vue duquel on me regarde. J’aime à penser que tous voient le même arbre mais d’un angle de vue différent. Ma famille est à priori, celle qui a la vue la plus détaillée. En effet, une majeure partie de mes proches ont une vision commune de Moi : je parle beaucoup et vite ! A la maison, on me surnomme la radio. Je dirais presque qu’il s’agit d’un talent. Qui ici peut se vanter de conter une histoire large comme le monde sans respirer ne serait-ce qu’une seule fois ? Paradoxalement, les personnes que je côtoie très peu distinguent une toute autre personnalité. Moi, réservée. Il faut du temps, des rires et des épreuves avant d’apercevoir ne serait-ce le feuillage qui se trouve au pied de cet arbre. Mais comme toujours, certaines personnes réussissent à se faufiler entre cette règle générale, et ce sont souvent, à l’instant, des coups de foudre amicaux. Pour finir, à travers le cœur de cet arbre, je peux voir : Moi, hypersensible, Moi, étudiante, ou encore Moi, artiste. Toutefois, la lumière qui nourrit cet arbre, reste le plus important de tous, Moi, Musulmane. Le roi de mon Moi, celui qui embrasse tous les autres.
Un combat sur trois fronts
Eh bien, je vous fais une faveur. Je vous sens impatients. J’aimerai vous annoncer légèrement en avance le trio gagnant de ce concours… Femme, noire et musulmane. Un combat sur trois fronts. Trêve de plaisanterie, du haut de mes 19 ans, j’ai tristement déjà subi des propos sexistes, racistes et discriminatoires envers ma personne. Une m’a particulièrement marqué. Je me précipitais pour prendre mon train lorsqu’un inconnu m’interpella et me dit : « Vous allez exploser un avion aujourd’hui ? ». Il m’avait dit ça avec une telle légèreté que ma réponse devait tout aussi l’être. J’ai donc rétorqué : « Oui, vous voulez venir avec moi ? ». La bêtise humaine est malheureusement un fléau universel, mais voyons le bon côté des choses, cet homme s’était tout de même donné la peine de me vouvoyer. N’est-ce pas là un soupçon de respect ?
Au fond qu’on soit victime de racisme, sexisme ou de discrimination, le combat reste le même. Il faut bien évidemment que la tolérance soit présente, mais au-delà de ça, il est primordial de vouloir rechercher l’équité entre tous. Certains mouvements clament haut et fort qu’ils veulent l’égalité. Cependant cela n’est et ne sera jamais possible car aucun individu n’est identique. Nous ne pouvons pas offrir à chaque personne la même chose, alors qu’ils n’ont pas les mêmes besoins. L’équité figure donc parmi l’un des mots clés pour vivre dans un monde de paix, à mon humble et modeste avis.
2020
L’année 2020 est marquée par le mouvement black lives matter qui se traduit par la vie des noires compte. L’élément déclencheur fut la mort de George Floyd. Aux États-Unis, en France et même en Suisse, les gens sortent dans les rues et défilent à travers leurs villes pour protester avec indignation contre la brutalité policière. Beaucoup prétendent ne pas avoir de préjugés, néanmoins ils sont pour la plupart du temps présents, que ce soit conscient ou non. On constate à ce jour que suivant notre couleur de peau, on peut plus ou moins être vulnérable à la violence. Aux USA un noir a cinq fois plus de risques de mourir sous les balles de la police qu’un blanc. Triste constat. La société nous pousse aujourd’hui à avoir ces préjugés, à percevoir les personnes racisées comme une menace. De plus, les médias ne rendent pas la tâche facile, ils peuvent nous manipuler à leur guise pour nous mettre à dos tout un groupe racial, ethnique ou encore religieux.
Texte n°8
A.B.A
Ivresse
-Point de vue personnel, réel-
J'étais ivre.
Ivre d’insouciance.
Ivre d’inconscience.
À m’abreuver de la frénésie du monde, j’étais devenu ivre de ses plus dangereuses liqueurs.
Enivré de cette légèreté d’âme, si frivole et éprise des distractions du monde.
Mais, soudain, voilà que le tumulte du monde s’est brusquement tu, emportant avec lui, l’effluve des ivresses.
Je suis sonné, tel un homme qui revient à la sobriété, par cette réalité implacable, que le monde nouveau m’introduit.
Je suis perdu.
Et mon regard se pose sur ses compagnons d'ivresse, découvrant eux aussi la réalité, dénudée de ses artifices.
Celle qui dévoile au monde ce que nous avons essayé si longtemps de cacher en vain : nos intimes fragilités et nos profondes fêlures.
C’est précisément à ce moment-là que j’aurais dû moi aussi me lamenter de ma tragédie.
Mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. Car quelque chose à changer. Autour de nous, avec nous et certainement en nous.
C’est là que l’ivrogne d’hier a découvert dans les frontières qu’ils érigent, aux rapports sociaux qu’ils bannissent, auxconfinements qu’ils subissent le salut du sobre d’aujourd’hui.
Car aux terres lointaines qu’on m’interdit, j’explore de nouvelles contrées en moi.
Aux distances sociales qu’ils construisent, je découvre ma propre compagnie.
Aux confinements qu’ils imposent, j’apprécie la délicate mélodie du calme.
Là où je craignais de trouver l’obscurité, j’y ai trouvé la lumière.
En moi-même.
Alors j’étanche ma soif en réalisant que nos fragilités et nos fêlures n’ont pas à être dissimulés au monde.
Au contraire, lorsqu’on s’accorde assez de courage pour les révéler, l'Univers entier conspire à nous aider à les résoudre.
A.B.A
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » (M.Audiard)
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » (M.Audiard)