Une couleur, une religion, et des vies

Que signifie être noir et musulman au sein des sociétés occidentales et au sein des communautés musulmanes de suisse romande ? C'est pour comprendre ces identités multiples et complexes, que DIAC lancé cette série de témoignages. Le racisme étant l'affaire de tous, DIAC a profité de l'élan Black Lives Matter pour donner la parole aux premiers concernés, et donner ainsi l'occasion à chacun de se remettre en question et repenser ses privilèges.

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Conclusion et pistes de réflexion


Ça y est, la récolte de témoignages sur le sujet du racisme en Suisse est terminée.

 
Nous tenons à remercier infiniment toutes les personnes qui ont accepté de nous livrer leurs témoignages, malgré la douleur du rappel de certains événements.


Il est temps de procéder à un petit récapitulatif de ce qui a été dit dans ces témoignages, et d'esquisser des pistes de réflexion et d'action pour avancer ensemble vers une société plus juste et égalitaire.


Dans ces témoignages plusieurs vécus se recoupent :


   1) En tant que personne noire vivant en Suisse:
- La méconnaissance totale de la vie et la culture non-Blanche (huttes, etc.)
- Le fait d’être sans cesse ramené à sa couleur et, ce, dès l’enfance
- La présomption qu’une personne noire (qui n’a pas un nom à consonance Arabe) serait forcément non musulmane
- Le fait que le racisme serait souvent caché ou vicieux, et rarement frontal
- L’existence d’un double racisme : en tant que noir-e et en tant que musulman-e


    2) En tant que personne noire dans les communautés musulmanes de Suisse:
- La prédominance de la langue arabe dans les enseignements islamiques ou dans les mosquées
- La présomption qu’une personne noire ne serait pas un musulman "de naissance"
- La difficulté d’aborder le sujet du racisme dans les communautés musulmanes

- La tendance à se mettre à l’écart par les personnes noires et musulmanes des groupes majoritairements arabophones par réflexe de protection
- La difficulté des mariages dits « mixtes »
- Nous avons pu observer que pour les Noirs non arabophones la fracture avec les musulmans Arabes se ferait dès l’enfance ou l’adolescence, alors que pour les Noirs arabophones elle se ferait plutôt à l’âge adulte, lorsqu’il s’agira de questions de mariage, etc.
- Le manque de représentations de personnalités Noires dans les enseignements islamiques, excepté la figure de Bilal


Après avoir pris le temps de laisser la place à la parole des premiers concernés, il est temps d’aborder les pistes de solutions et d’actions : comment être anti-racistes.


   1) En tant que Suisses :
- S’informer, et écouter les premiers concernés. Arrêter avec les préjugés.
- Réaliser que la couleur de peau d’une personne ne dit finalement pas grand chose d’elle. Ni son origine, ni sa langue maternelle, ni sa religion, etc. Appréhender une personne comme une quelqu'un d'entier, et non en fonction de son apparence.
- Réaliser l’existence de ses privilèges en tant que Blancs, et faire la place aux personnes minorisées/racisées.


   2) En tant que musulmans (principalement Arabes) :
- Accepter une remise en question, et admettre que même si l’islam n’est pas raciste, il est important qu’en tant que musulmans on ait des comportements qui ne le soient pas.

- Egalement comprendre qu’en tant que minorité dominée (not. nords-africains/arabes nords-africains/Arabes) on n’est pas exempts de comportements racistes, et travailler sur soi pour les supprimer.
- Privilégier la langue du pays (ici le français) dans les cours de religion (les témoignages racontent des vécus qui datent du présent ET tu passé. Depuis, plusieurs centres et mosquées ont amélioré leurs pratiques à ce sujet, mais il est important de garder le cap).
- Mentionner les personnalités noires qui ont marqué l’islam dans l’enseignement de l’islam (et pas uniquement Bilal, personnage clé mais qui renvoie systématiquement à l’image d’esclave).
- Combattre le racisme à l’intérieur des foyers. Interdire à son enfant de se marier uniquement à cause de l’origine ou de la couleur de peau de son/sa prétendant/e n’est pas admis dans l’islam.


Sur le sujet et pour nous éduquer, nous vous conseillons les ressources suivantes :


Sur la présence et l'impact des personnes et peuples noirs dans l’histoire islamique :

- Mustafa Briggs (en anglais)

- Butch Ware (en anglais)


Sur le racisme :

- le podcast Kiffe ta race

- les comptes instagram et FB:

"sans blanc de rien",

"la.charge.raciale",

"traduction.militante"


Article sur le mariage :

- https://www.aljazeera.com/opinions/2020/8/20/the-hidden-racism-of-the-muslim-marriage-market/


Association musulmane contre le racisme (aux USA):

- https://www.muslimarc.org/ et notamment la rubrique "Resources"




Enfin, en guise de conclusion finale, quelle meilleure parole qu'un extrait du dernier sermon du Prophète Muhammad (sbsl) :


«Ô peuple! Toute l’humanité descend d’Adam et d’Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, pas plus que celui-ci ne l’est envers un Arabe; les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, autant ces derniers ne le sont vis-à-vis des Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions. Vous savez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans. Vous êtes tous égaux.