Hanaa, 30 ans, diabétique


Moi c’est Hanaa, j'ai presque 31 ans, et ça fait bientôt 20 ans que je suis diabétique. J'ai un diabète de type 1 : je suis sous insuline et je dois me nourrir et boire et je ne peux en aucun cas jeûner, comme le dit mon médecin (mon diabétologue). (…) Du coup le ramadan j'ai pu le faire peut-être une fois dans ma vie au début de ma jeunesse mais j'en ai un très vague souvenir.

Pour moi le ramadan c'est un mois béni, c'est un mois plein de pardon et où on multiplie les actions, Dieu est généreux et Il multiplie les récompenses. Voilà je ne peux pas jeûner, je ne ressens pas ce que les gens qui jeûnent ressentent mais je me dis que Dieu est généreux et quel que soit l'acte d'adoration qu’on fait, Dieu multiplie (…).

Comme il est écrit dans le Coran, si on n'a pas la santé, il est interdit de jeûner. Dieu facilite les choses et ne nous rend pas les choses difficiles et je me dis constamment qu'il ne faut pas culpabiliser. C’est quelque chose que je ne faisais pas plus jeune, je me sentais très coupable, j’avais une honte quand je mangeais et je devais me cacher dans les toilettes. Quand on est jeune on n’aime pas le regard des gens. En plus étant voilée et quand c'est le Ramadan tout le monde sait qu'il faut jeûner et moi je ne jeûne pas, j'avais du mal à accepter ça et je me cachais pour le faire. (…)  

Je me nourris. Pas en excès, normalement et je fais attention mais je me mets un défi de vraiment mettre l'accent sur l'adoration. (…) Plus jeune, quand j’étais célibataire, je faisais à manger avec ma maman, je faisais beaucoup de choses qui prenaient de l’énergie et je facilitais la tâche aux gens autour de moi qui jeûnaient. J'avais aussi pour habitude d’aller à chaque Tarawih, de me fixer l'objectif de finir la lecture du Coran pendant le mois au moins une fois, j'essayais de vraiment « mettre le paquet » dans les adorations comme on dit, dans le Dhikr, dans les Du’a, dans plein de choses qui font fortifier ma foi, qui me font rappeler que c'est un mois béni qu'il faut profiter un maximum (…). Je fais aussi attention à ce qu’avant l'année d'après j’aie donné l'équivalent d'un repas par jour, donc ça vaut à peu près 300 CHF, vu qu’un repas c’est 10 CHF et c’est 30 jours de jeûne (…). Également je faisais beaucoup de « Qyam Al Lail », c'est-à-dire de veiller de nuit. (…). Maintenant, après que je me suis mariée, et maintenant que j'ai mes enfants, j'essaye de créer cette ambiance à la maison en mettant plein de lumière partout. (…)

Voilà même si on ne jeûne pas, on a de l’énergie pour pouvoir faire du bien autour de soi et pour votre foi et votre âme surtout. Dieu nous éprouve par rapport à notre santé, par rapport à plusieurs choses, mais Al Hamdullilah, on ne manque de rien, on est en bonne santé quand même malgré cette petite défaillance dans notre corps, moi qui suis diabétique, je m’estime quand même heureuse d'être dans un pays où la médecine est disponible et gratuite (…). Parce que c’est une maladie chronique et que c'est à vie donc Al Hamdulilah, Dieu nous donne des épreuves mais Il nous donne plusieurs facilités en contrepartie et ça il ne faut pas le nier, il faut le remercier. (…)

Hanaa nous explique plus en détail ce qu'est le diabète

Il faut savoir que j'ai une pompe à insuline qui est connecté h24 à mon corps, l'insuline rentre en continu dans mon corps c'est comme un pancréas externe on va dire. (…)

Depuis l’âge de mes 12 ans, mon pancréas a cessé de fonctionner. Je connaissais un peu le déroulement de cette maladie lorsque j’en ai été atteinte :  mon père était diabétique ainsi que mon frère qui l’a été avant moi et je pense que la génétique a eu son rôle à jouer concernant ma maladie (…).

Me concernant, je n’ai pas du tout d’insuline dans mon corps, donc j’ai dû dans un premier temps m’en injecter et me piquer 3 fois par jour. Il y a différent type d’insuline injectable : celle qui va être active pendant 24 heures et une insuline rapide qui agit selon ce que l’on va manger. Je devais donc peser, connaître la composition des aliments ingérés, afin de doser correctement l’insuline qui m’était nécessaire.


Je n’ai à présent plus besoin de me piquer car j’ai - Grâce à Dieu - une pompe à insuline qui injecte en continu dans la journée de l’insuline dans mon corps. Lorsque je mange, j’appuie alors sur un bouton présent sur cette machine et qui injecte la quantité adaptée à ce que j’ai ingéré.  Malgré tout, si trop d’insuline est injectée dans mon corps, cela fait baisser mon taux de sucre plus que nécessaire. Ce qui entraîne une hypoglycémie, qui se déclarera avec des tremblements, je serais très affaiblie, ne pourrais plus parler ni bouger et devrai ingérer du sucre rapidement au risque de tomber dans les pommes. A l’opposé, il y a un risque d’hyperglycémie : c’est lorsque le taux de sucre est très élevé car je me suis mal nourri, j’ai mangé dans de trop grandes quantités ou car je n’ai pas dosé suffisamment mon insuline. Il faudra alors que je m’hydrate énormément, que j’aille souvent aux toilettes. (…)

C’est très très difficile de toujours être là et surveiller car, même si c’est une habitude, parfois on a envie de se faire plaisir, de ne pas surveiller son alimentation. Mais cela n’est pas possible car à long terme on peut avoir des soucis de santé plus importants. Du coup, le jeûne de Ramadan c’est compliqué, car il faut toujours s’hydrater, toujours vérifier son taux de sucre et devoir le réguler dans la journée : s’il est trop élevé, il faut pouvoir le corriger et si il est trop bas, il faut pouvoir manger à tout moment dans la journée.